Elle se définit par des ressentis de souffrances extrêmes et insupportables et nécessite des réponses rapides.
Ses manifestations
Quelque soit la nature de la catastrophe individuelle ou collective qui conduit à l’urgence psychologique, elle suscitera, par son intensité, des réponses extérieures potentiellement inadaptées qui pourront s’avérer néfastes pour la santé de l’individu. Au-delà des réactions ‘normales’ de stress, on peut observer des comportements de ‘stress dépassé’ tels que la sidération, l’agitation, la fuite éperdue ou encore l’activité automatique. Certaines réactions émotionnelles apparaissent parfois de façon différée mais restent éphémères alors que d’autres sont manifestes d’un trouble durable. Lorsqu’il frappe un groupe, le choc peut entraîner des pathologies séquellaires telles que les émeutes, l’exode, la désignation d’un bouc émissaire ou encore une poussée de conservatisme.
L’intérêt du ‘psy’
On comprend facilement que devant l’urgence humanitaire ou médicale, on puisse remettre en question la pertinence de l’intervention immédiate des psychologues. Pourtant, sur le terrain, les acteurs constatent rapidement que certains symptômes nécessitent une approche autre que la médication. Il est en effet fréquent que les victimes subissent des reviviscences, des insomnies, des réveils nocturnes ou des troubles cognitifs tels que la perte de la mémoire. Le déficit d’élan vital et des sentiments de mélancolie sont présents ainsi que des angoisses lancinantes ou sous forme de crises aiguës qui peuvent provoquer des épisodes de raptus suicidaires. Il est donc indispensable de savoir repérer ces troubles afin de les anticiper. La pertinence des interventions psychologiques d’urgence tient également aux bienfaits de la catharsis, cette remémoration consciente d'un souvenir important jusqu'ici refoulé, libérant les sujets de leur agressivité ou de leurs angoisses. Ce processus ne peut en effet pas avoir lieu auprès de l’entourage direct de la victime, ses souffrances entrant en résonance avec les leurs. En entretien avec un psychologue, le sujet n’a plus à craindre de blesser par ses propos, peut parler librement sans avoir à écouter d’autres éventuels ressentis ; il n’a pas de ‘rôle’ à préserver et sait qu’il peut transmettre son terrible vécu de part les compétences de son interlocuteur.
Un positionnement neutre et bienveillant
Lorsque l’Homme est confronté à des visions de mort imminente, l’un des mécanismes de défense mis en œuvre est la quête de sens, il faut trouver une réponse au ‘pourquoi moi’. La punition divine demeure l’une des réponses les plus couramment trouvées par les victimes, reprenant ainsi le principe du purgatoire. Le psychologue n’a en aucune façon le rôle de s’interposer dans les croyances religieuses, cependant, il apparaît indispensable de protéger les victimes contre des personnes qui utiliseraient leur détresse à des fins de conversion ou d’embrigadement. Lors du terrible séisme d’Haïti, on a en effet pu observer de tels comportements. Enfin, l’attitude bienveillante du psychologue lui confère un rôle de contenant, rappel de la relation à la mère protégeant et répondant à tous les besoins du nouveau-né. Dans l’espace et le temps de l’entretien thérapeutique, la mise à disposition d’un environnement suffisamment fiable, contenant et souple, tend à favoriser l’émergence progressive d’une enveloppe psychique construite, véritable soutien au dépassement du traumatisme.
https://www.psychologie.fr/article/l-urgence-psychologique-A-424.html
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