Souffrance parentale ou mal-être enfantin ?
Les enfants sont-ils toujours d’accord pour venir vous voir ?
Valerie Carrara : Parfois, même en bas âge, ils sont capables de comprendre ce qu’ils vont pouvoir trouver en thérapie. Je me souviens ainsi d’une fillette de 18 mois qui parlait déjà bien et a poussé ses parents vers la porte au bout de quelques minutes pour les faire sortir. Elle avait des choses à dire les concernant et les sentait en souffrance. Je dirais donc que l’adhésion des enfants au procédé thérapeutique dépend souvent de leur maturité. Mais il y a aussi des cas où leur silence se révèle très parlant. Je repense à cette autre enfant de 4 ans qui, prostrée sur les genoux de son père durant plusieurs séances, ne concédait à rouvrir la bouche que sur le pas de la porte. « Que cherche-t-elle à nous dire ? » ai-je un jour interrogé le papa. « Puisque, chaque fois, c’est vous qui prenez la parole, ne pensez-vous pas qu’elle vous invite à vous engager dans une thérapie ? » Très vite, celui-ci a pu entendre que sa fille lui murmurait en effet : « Fais quelque chose pour toi… » Et il a entamé un travail.
Vous ne réorientez donc jamais le ou les parent(s) dès la première séance ?
Valerie Carrara : Non, car dans tous les cas je veux être disponible à la parole du jeune patient. Même si le problème ne vient pas de lui, c’est toujours compliqué et douloureux d’avoir un ou ses deux parents qui ne vont pas bien. Du coup, l’enfant peut être très tenté de vouloir porter les charges parentales… Mon rôle est alors de l’aider à mettre des mots et à faire le tri dans ce legs, avant qu’il puisse finalement restituer à son (ou ses) parent(s) ce qui lui (leur) appartient. Les parents de vos jeunes patients sont-ils souvent amenés à s’interroger sur le bien-fondé d’une thérapie pour eux-mêmes ?
Valerie Carrara : Nombreux sont ceux qui, en cours de route, sont amenés à se poser la question, oui. Et beaucoup en concluent, plus ou moins rapidement, que cet engagement personnel est finalement assez inévitable. L’enfant est, en effet, souvent le symptôme du couple familial, de son environnement… D’ailleurs, les mères et les pères qui ne s’interrogent pas à ce sujet, ou qui s’y refusent, sont généralement ceux qui ont aussi le plus de difficultés à concevoir qu’une thérapie d’enfant ne se règle pas nécessairement en deux ou trois séances. Ou ceux qui tardent toujours à reprendre rendez-vous… Quand ils en reprennent un.
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